​Abdelmadjid Tebboune élu président de l’Algérie

13/12/2019

Morne dans de nombreux bureaux de vote, la journée de jeudi a été marquée à Alger par une imposante démonstration du "Hirak"


Abdelmadjid Tebboune, ancien ministre puis chef de gouvernement du président Abdelaziz Bouteflika âgé de 74 ans, a été élu dès le premier tour pour lui succéder à la tête de l'Etat algérien, a annoncé vendredi l'Autorité nationale des élections (Anie).
M. Tebboune a recueilli 58,15% des suffrages, a indiqué le président de l'Anie Mohamed Charfi lors d'une cérémonie officielle, au lendemain d'un scrutin marqué par une abstention record et qui s'est déroulé dans un contexte de contestation massive et inédite du régime au pouvoir en Algérie depuis l'indépendance en 1962.
Jeudi, seuls 39,93% des inscrits ont voté au premier tour (41,41% sur le territoire national et 8,69% à l'étranger), a annoncé dans la nuit M. Charfi.
Ce taux est le plus faible de toutes les présidentielles pluralistes de l'histoire du pays. Il est inférieur de plus de dix points à celui du précédent scrutin --le plus faible jusqu'ici-- qui en 2014 avait vu la quatrième victoire de M. Bouteflika.
Morne dans de nombreux bureaux de vote, la journée a été marquée à Alger par une imposante démonstration du "Hirak" qui a à nouveau bravé un important déploiement policier pour défiler en masse.
Une foule estimée à plusieurs dizaines de milliers de personnes est parvenue à envahir les rues du centre-ville, malgré les interventions systématiques et souvent brutales de la police à chaque tentative de rassemblement.
Ce puissant mouvement de contestation populaire et inédit du régime qui a contraint M. Bouteflika à la démission, rejetait catégoriquement la tenue de l'élection, perçue comme un moyen pour le pouvoir de se régénérer.
Les contestataires exigent la fin de ce "système" aux manettes depuis l'indépendance en 1962, et le départ de tous les anciens soutiens ou collaborateurs des 20 ans de présidence Bouteflika. Ce que sont les cinq candidats à la présidentielle (Abdelaziz Belaïd, Ali Benflis, Abdelkader Bengrina, Azzedine Mihoubi et Abdelmadjid Tebboune).
Après une première tentative d'élection avortée en juillet, le haut commandement de l'armée, pilier du régime, ouvertement aux commandes depuis le départ de M. Bouteflika, a tenu coûte que coûte à organiser ce scrutin pour sortir de la crise politico-institutionnelle, qui a aggravé la situation économique.
Visage de ce haut commandement, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée, assurait depuis des semaines que la participation serait "massive".
"Makache l'vote" (pas de vote!), a scandé la foule qui s'est séparée en fin d'après-midi jeudi, avant que la police ne disperse à coups de matraque la centaine de protestataires restants, selon une journaliste de l'AFP.
Très affaibli physiquement, le président déchu, Abdelaziz Bouteflika, a voté par procuration via son frère Nacer, suscitant des commentaires ironiques ou irrités sur les réseaux sociaux.
Mercredi, des personnalités proches du "Hirak" avaient exhorté les contestataires à ne pas "répondre aux provocations" à "ne pas empêcher l'exercice par d'autres citoyens de leur droit à s'exprimer librement" --un mot d'ordre respecté à Alger.
Le vote s'est déroulé sans incident majeur à travers le pays sauf dans la région traditionnellement frondeuse et majoritairement berbérophone de Kabylie, théâtre de sérieux troubles.
"Le nouveau président aura la lourde charge de veiller à la satisfaction des attentes des citoyens qui ont dicté, par un sursaut patriotique à la mesure des défis, la marche en avant", prévient vendredi le quotidien gouvernemental El Moudjahid, un des rares titres à paraître le vendredi, premier jour de weekend.
 


Commentaires (1)
1. Hud le 13/12/2019 18:27
Bravo je suis algerien a l'' étranger je vous félecite pour votre article très objectif et sans aucun mensonge. Merci.
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