Noureddine Bensouda : Le Maroc doit faire preuve de créativité pour améliorer le volume des investissements dans la recherche

Le crowdfunding, une solution de financement, selon le trésorier général du Royaume

20/06/2021

Les dépenses intérieures de recherche et développement au Maroc, rapportées au PIB, s’élevaient à environ 0,8% en 2020, a affirmé le trésorier général du Royaume, Noureddine Bensouda, lors d’un colloque tenu samedi en mode webinaire.

Elles avoisinaient 0,7% en 2017, selon un rapport de l’étude relative à la recherche scientifique et à l’innovation dans le monde arabe datant de juin 2019, a-t-il rappelé au cours de cette rencontre placée sous le thème : «Financement de la recherche au Maroc et en France : quelles perspectives ? ».

Si la moyenne de l’OCDE pour ce même ratio était de 2,419% en 2018, l’objectif fixé par l’Union européenne dans le cadre de la stratégie Europe 2020 était d’allouer 3% du PIB à la recherche, a relevé le trésorier général du Royaume au cours de cette rencontre, organisée par la Trésorerie Générale du Royaume (TGR) et l’Association pour la Fondation internationale de finances publiques (Fondafip), avec le soutien de la Revue française de finances publiques (RFFP).

Pour Noureddine Bensouda, « ceci montre tout le gap qui reste à combler pour le Maroc en termes d’effort de financement » et suggère que la mobilisation des ressources nécessaires pour le financement de la recherche dans le Royaume constitue un défi de taille à relever.
Il va falloir donc « multiplier les efforts et faire preuve de créativité pour améliorer le volume des investissements dans la recherche qui sont, à mon sens, la clé de notre avenir », a-t-il déclaré soulignant que plusieurs expériences à l’international ont démontré le rôle important que peut jouer le secteur privé pour soutenir la recherche.

M. Bensouda a, en outre, estimé que la relation entre le monde de l’entreprise et celui de la recherche « doit être une relation de symbiose, mutuellement profitable et bénéfique pour le développement du pays ».

Il a, par ailleurs, estimé que le secteur public doit jouer un rôle de catalyseur, d’autant plus que « si les travaux de recherche sont réalisés en grande partie par le secteur privé, le secteur public en supporte, généralement, une bonne part de financement, sous différentes formes : subventions, aides directes, avances récupérables, crédit d’impôt, etc».

Et de citer l’exemple de la France où les entreprises ont exécuté près de 65,3% des travaux de recherche et développement en 2017 ; mais n'ont financé que 61%, le solde provenant surtout de l’aide publique à la recherche (réforme du Crédit d’impôt recherche CIR).

S’il est important de mettre en place des mécanismes de régulation, la gouvernance l’est doublement parce qu’« il faut mettre de la cohérence dans l’effort de recherche et créer des pôles d’excellence à même de créer un effet de levier sur le développement du pays », selon le trésorier général. Mais également parce qu’il faut rationaliser l’effort de financement et avoir le meilleur retour sur investissement.

Il est à noter que le secteur universitaire apporte près de la moitié de la Dépense intérieure brute de recherche et développement (DIRD), devant le secteur privé ou encore de la coopération internationale, notamment interuniversitaire, qui permet d’apporter des financements étrangers.

Précisons que cette dernière ne contribuerait qu’à hauteur de 2,1% environ dans l’effort global de financement de la recherche au Maroc. Il apparaît dès lors que la marge de progression demeure importante, au regard du niveau d’intégration du Maroc dans son environnement mondial.

« Cela est d’autant plus vrai que les collaborations scientifiques au niveau international ne s’inscrivent pas toujours dans le cadre de programmes financés », a constaté Noureddine. Bensouda.

Evoquant les compétences marocaines à l’étranger et le potentiel qu’elles pourraient représenter en termes de financement de la recherche, il a fait remarquer que « la crise du Covid nous a montré que les universités, les instituts de recherche et les laboratoires au niveau mondial comptent d’éminents scientifiques marocains qui occupent des postes au plus haut niveau de connaissance et de décision. C’est là un gisement à fort potentiel que le Maroc devrait exploiter, aussi bien en termes de sources de financement qu’en termes de transmission du savoir et des connaissances ».

Sur les nouveaux modes de financement qu’il serait utile de mettre à contribution, « des plateformes de crowdfunding pourraient être dédiées au financement de la recherche, à l’image de celles qui existent déjà dans le domaine de la recherche médicale », a-t-il suggéré estimant que l’adoption, en 2018, d’une loi sur le financement collaboratif (loi 52-18) pourrait servir de cadre juridique à ce type de montage financier pour les projets de recherche.

Mais en fin de compte, « c’est l’adoption d’une politique de la recherche qui doit donner corps à tous ces aspects et réunir l’ensemble du panorama des acteurs autour d’une vision commune favorisant la cohérence d’ensemble », a-t-il conclu.

Alain Bouithy


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