Les négociations sur le Sahara entravées par les séparatistes

31/12/2010

Après huit rounds de pourparlers tenus sous l’égide des Nations Unies en vue de déboucher sur une solution politique à la question du Sahara dans l’intérêt des peuples du Maghreb et de la sécurité régionale, l’impasse n’a jamais été aussi «inquiétante».
«Même s’il y a déjà eu plusieurs rounds, les perspectives sur le court terme ne sont pas très claires», constatent des diplomates onusiens. «Le processus est au point mort car pour négocier, il faut que les parties aient la volonté, la compétence et la légitimité» pour le faire, soulignent les observateurs.
Avec toute sa bonne volonté et sa bonne foi manifestées, à travers notamment, son plan d’autonomie salué et reconnu au plan international comme réaliste et crédible, et son projet sur la régionalisation, le Maroc ne peut à lui seul transcender les embûches posées au fur et à mesure qu’une solution se dessine vers le règlement définitif de ce différend régional artificiel.
Rabat travaille résolument à une solution politique à cette question, et l’a démontré à maintes reprises et tout récemment encore en faisant des propositions concrètes dans le cadre d’approches innovantes pour aider à sortir du statu-quo dans lequel certaines «rivalités provocatrices» ont installé cette question.
Pour le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Taïb Fassi Fihri, les chances de succès des négociations demeurent «faibles, voire inexistantes» en l’absence de disponibilité chez les autres parties en faveur d’un compromis et d’efforts requis pour parvenir à un règlement politique.
Il faut se rendre à l’évidence que l’Algérie «ne veut pas d’une solution à ce différend régional », estime un observateur pour qui le Polisario dont les principaux membres fondateurs ont regagné le Maroc, n’est pas en mesure de se prononcer sur cette question car il n’en a ni la «légitimité, ni la marge de manœuvre, et ne mesure pas l’enjeu de la question».
Pour l’Algérie, c’est un problème de leadership régional. Pour le Polisario, qui n’est pas porteur d’un projet social, il s’agit d’un fonds de commerce dont il tire des bénéfices au quotidien, tantôt en détournant l’aide alimentaire - France Liberté, pourtant grand soutien, en son temps, des sécessionnistes, avait été une des premières ONG à le dénoncer dans un imposant rapport - tantôt en jouant sur la fibre humanitaire ou en s’adonnant à de menus trafics, jusqu’à très récemment dédaigneusement ignorés par la communauté internationale, malgré plusieurs avertissements du Maroc.
Toutes ces manœuvres qui apparaissent soudainement «au détour d’un nouveau round» sont des tactiques pour gagner du temps, ajoute cet observateur, renvoyant au dernier en date, les évènements de Laâyoune.
«Cela fait plus de 35 ans, que l’on joue sur le temps», que l’on cherche des «boucs émissaires», que l’on s’arrête «sur le point et la virgule», comme le relèvera un diplomate auprès des Nations Unies, mais cette machination risque de se retourner contre ceux-là mêmes qui en usent et abusent.
Car à l’intérieur des camps, des voix commencent à s’élever. Celle de Khat Achahid qui conteste toute représentativité à cette direction «corrompue» mais surtout celles des jeunes générations, nées et embrigadées dans les camps, sans perspectives d’avenir.
Lassés de la politique attentiste qui a prévalu des décennies durant, ces jeunes aspirent à des temps meilleurs sous d’autres cieux. Que leur restent-ils? Fuir. Au mieux pour regagner la patrie, car séduits par une place au soleil dans le cadre de la proposition d’autonomie, quand ils ne sont pas interceptés. Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud en a fait l’amère expérience. Au pire tomber dans l’escarcelle de la grande criminalité qui sillonne le Sahel.
Commentant les évènements de Laâyoune où des éléments des forces de l’ordre «sans armes ont été sauvagement et lâchement assassinés par les milices terroristes du Polisario», l’ancien ambassadeur américain au Maroc, Marc Ginsberg, a souligné que le Maroc, un «grand allié des Etats-Unis», vit dans un «voisinage turbulent et dangereux».
Des médias internationaux, notamment américains ont récemment rendu compte d’activités terroristes et criminelles impliquant sans équivoque des éléments du Polisario. Des noms comme «Omar Sahraoui», alias «M. Marlboro», en liaison avec des activités de trafic de cigarettes périmées et soupçonné d’enlèvement en novembre 2009 d’humanitaires espagnols, et «Sultan Ould Bady», impliqué dans le trafic de drogue reviennent souvent.
Début décembre, une agence de presse occidentale rapportait l’arrestation dans le désert du Sahara, par les forces de sécurité maliennes, de six «gros» trafiquants de drogue, «issus des rangs du Polisario» et appartenant à l’un des plus importants réseaux de trafiquants de drogue dans le Sahara vers l’Europe.
Par ailleurs, et citant des services de renseignements étrangers, la chaîne d’information américaine «Fox News» a rapporté que près de 60 dirigeants et membres du Polisario ont été récemment impliqués dans des activités d’Al-Qaeda dans le Maghreb Islamique (Aqmi).
Dans une enquête menée à Laâyoune, sur les évènements de Gdeim Izik, les envoyés spéciaux du quotidien US «New York Times» suggèrent l’«implication de militants d’Al-Qaeda». Perméable, pauvre et non administrée, la région comprise entre le Grand Sahara et le Sahel est devenue une zone à haut risque, qui alarme la communauté internationale.
L’ancien Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Sahara, Erik Jensen, évoquait récemment un «Sahélistan aux portes du Maghreb».
Aujourd’hui, il ne s’agit plus de suivre l’Algérie dans ses visées hégémonistes, dissimulées derrière «le noble principe de l’autodétermination», mais d’être pragmatique et de se mobiliser devant une réalité qui inquiète, celle de la menace terroriste qui guette la zone sahélo-saharienne, notent des analystes. Malheureusement, le discours algérien n’est pas porteur de renouveau car n’épousant pas la réalité sur le terrain, soulignent ces mêmes analystes pour qui il s’agit peut-être d’«un problème de génération?».







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