Les manifestations des “Gilets jaunes” ont fait un mort et plus de 400 blessés

Il y a eu 117 interpellations suivies de 73 gardes à vue, selon le ministère de l'Intérieur.

19/11/2018

Plus de 400 personnes ont été blessées, dont 14 gravement, au cours de blocages organisés dans toute la France contre la hausse des taxes sur le carburant et la baisse du pouvoir d'achat, a annoncé dimanche le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Ce mouvement des "Gilets jaunes", en référence aux vestes jaunes que tout automobiliste doit détenir dans son véhicule afin de se rendre visible en cas d'accident, a débuté samedi matin.
Ce bilan revu à la hausse prend en compte une nuit "agitée sur certains sites" de blocage routier, a précisé le ministre sur la radio RTL. L'incident le plus grave de la journée était intervenu dès le samedi matin avec la mort d'une femme renversée par une automobiliste en Savoie sur un barrage.
Quelque 3.500 personnes sont restées mobilisées cette nuit, "sur 87 lieux différents".
Le nombre de participants à ce mouvement de grogne a également été revu à la hausse avec 287.710 personnes comptabilisées sur 2.034 sites", selon M. Castaner. Les forces de l'ordre ont interpellé au total 282 personnes dont 73 pendant la nuit, ce qui a donné lieu à 157 gardes à vue.
Il y a eu, selon M. Castaner, 409 blessés, dont 14 graves. "Vingt-huit policiers, gendarmes, motards, pompiers ont été blessés et pour certains de façon grave", a-t-il ajouté.
"Cette nuit a été agitée. (...) Il y a eu des agressions, des bagarres, des coups de couteau", a détaillé le ministre. "Il y a eu des bagarres entre + Gilets jaunes +. Il y a eu beaucoup d'alcool dans certains endroits, et ça a provoqué ces comportements idiots qui peuvent pousser à la violence, et là ça devient inacceptable", a déploré le ministre de l'Intérieur.
A l'initiative de cette grogne, des membres de la société civile se sont mobilisés contre la hausse du prix des carburants avant que les motifs de grief ne s'élargissent à une dénonciation plus globale de la politique du gouvernement en matière de taxation et à la baisse du pouvoir d'achat.
Tout le territoire a été touché par leurs actions, dont la plupart n'avaient pas été déclarées, ce qui représente un succès certain pour ce mouvement, parti des réseaux sociaux et organisé en dehors des partis politiques et des syndicats.
A Paris, des "Gilets jaunes" ont descendu l'avenue des Champs-Elysées pour converger vers le palais de l'Elysée. Après plusieurs heures de tensions entre manifestants et forces de l'ordre dans le quartier du palais présidentiel - où des barrières ont été renversées et où les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes - la majorité des "Gilets jaunes" se sont dispersés. Il n'y a eu aucun blessé, aucune dégradation, d'après le préfet de police de Paris, Michel Delpuech.
"La différence entre mon brut et mon net, c'est 1.000 euros, voilà pourquoi je suis là aujourd'hui", a déclaré parmi ces manifestants Valentine, 24 ans, intermittente du spectacle qui vit en Seine-Saint-Denis. "Aujourd'hui on travaille pour survivre, plus pour vivre", a renchéri Amandine, 35 ans, assistante maternelle.
Il y a eu 117 interpellations en France, suivies de 73 gardes à vue, selon le ministère de l'Intérieur.
Au Pont-de-Beauvoisin (Savoie), une conductrice qui emmenait sa fille chez le médecin a été prise de panique quand des manifestants se sont mis à taper sur sa voiture. Elle a foncé alors sur eux, percutant mortellement une femme de 63 ans.
Cette manifestation, comme de nombreuses autres, n'était pas déclarée.
"J'en appelle à la responsabilité de ceux qui organisent ces manifestations. Ils ont porté un message. Il est entendu", a déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. "Le gouvernement est attentif à toutes les mobilisations, nous devons maintenant continuer à répondre aux attentes des Français y compris en termes de pouvoir d'achat", a-t-il ajouté.
De son côté, le ministre de la Transition écologique François de Rugy a annoncé que le gouvernement poursuivra "la trajectoire prévue" en matière de fiscalité écologique, dans une interview au Parisien.
Les autorités s'inquiétaient de la poursuite du mouvement malgré la nuit. "Les manifestations, aujourd'hui bon enfant, ce soir se transforment avec l'arrivée de casseurs", a déploré Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale, précisant que des cocktails Molotov ont été jetés contre les forces de l'ordre. Et "la nuit, le danger c'est d'être percuté par un véhicule", a-t-il rappelé alors que 5.000 patrouilles étaient mobilisées jusqu'à dimanche matin.
Dans l'opposition, certains sont descendus dans la rue: Laurent Wauquiez, le chef de LR, a appelé M. Macron à comprendre et "corriger ses erreurs".
Des élus du Rassemblement national étaient également présents aux côtés des "Gilets jaunes", mais pas Marine Le Pen.
Des Insoumis participaient aussi aux manifestations. Leur leader Jean-Luc Mélenchon a critiqué sur Twitter une "manipulation des chiffres de participation" et une "dramatisation" de la part du gouvernement. Il s'est rendu place de la Concorde, sans porter de gilet jaune.
Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales, a mis en garde, dans le Journal du Dimanche, "ceux qui veulent récupérer politiquement le mouvement" des "Gilets jaunes", qui "en seront pour leurs frais".
Au 1er janvier 2019, les taxes sur le gazole doivent augmenter de 6,5 centimes d'euro par litre et celles sur l'essence de 2,9 centimes.


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