Les Marocains appellent de leurs vœux la levée des restrictions sanitaires

27/09/2021

Ecoles et stades ne constitueraient pratiquement pas de menace
Cela fait quelques jours que les chiffres sont en baisse, reflétant une amélioration continue de la situation sanitaire. Taux d'incidence, taux de positivité, pression hospitalière et nombre de décès laissent envisager un possible allègement des restrictions sanitaires très prochainement.
Le nombre de nouveaux cas enregistrés dimanche 26 septembre est ainsi descendu à 734 cas. 14.601 tests ont été effectués, soit un taux de positivité de 5%. 35 décès sont, par ailleurs, à déplorer. Le nombre de cas actifs baisse, quant à lui, à 16.466 cas contre 17.187 la veille. «Il y a des raisons d'être optimiste sur l'amélioration de la situation sanitaire et le fait qu'on pourra, on l'espère, adapter nos règles à la circulation du virus», explique Dr O. Redoine, anesthésiste-réanimateur casablancais.«1.148 personnes sont hospitalisées en réanimation ou en soins intensifs dont 58 nouveaux, au cours des dernières 24 heures. 40 d’entre eux sont sous intubation invasive. Le taux d’utilisation de la capacité de réanimation est descendu à 21,9%», souligne notre interlocuteur qui appelle tout de même au maintien de la vigilance, notamment le respect des gestes barrières. «Il y a une baisse notable mais on reste à un niveau de circulation virale relativement important chez les non-vaccinés et dans une moindre mesure chez ceux qui le sont également», estime-t-il.

Appel à un allégement des mesures restrictives
Si la prudence reste de mise, des voix appelant à l’allégement des mesures restrictives se font de plus en plus entendre, notamment du côté des professionnels des secteurs fortement impactés par la crise et de quelques spécialistes de la santé.
Lors de son passage sur 2M, Dr Saïd Afif, membre du Comité scientifique de la vaccination anti- Covid, a fait savoir que «l’amélioration de la situation épidémiologique au Maroc permet au Comité scientifique de donner ses recommandations au ministère de la Santé pour assouplir les restrictions». Outre les indicateurs épidémiologiques, cet assouplissement est également justifié, selon Dr Afif, par la progression prometteuse de la campagne de vaccination et le rythme d’approvisionnement des doses de vaccins. Aujourd’hui plus de 18 millions de personnes sont complètement vaccinées, soit 50,6% de la population. «Avec un tel taux de vaccination, il est normal de réfléchir à un retour à la quasi-normalité», a-t-il expliqué. Et de préciser : «L’objectif étant de permettre aux secteurs les plus touchés de souffler».
Pour sa part, le professeur Azedine Ibrahimi, membre du Comité scientifique national pour la gestion de la Covid-19, a appelé à prendre les «décisions appropriées». Dans un post Facebook, le directeur du laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat dit ne pas comprendre le retard dans la prise d’une nouvelle décision concernant les mesures restrictives. «Nous avons cru à vos promesses de retour progressif à la vie normale. Nous avons cru à la souplesse et à l'opportunité des décisions. Aujourd'hui, nous ne comprenons pas ce que vous attendez pour que nous puissions jouir de nos droits et retrouver progressivement une vie normale, à l’instar des autres personnes vaccinées dans le reste du monde», a-t-il souligné. Pr Ibrahimi a également affirmé qu’il est inconcevable de continuer à interdire l’accès aux stades ou de maintenir la fermeture des salles de sport et des Hamams. «Les vaccinés ont le droit de reprendre leur vie et chaque citoyen a le droit de reprendre normalement son activité», a-t-il ajouté. «Les Marocains sont fatigués, veulent vivre avec le virus et reprendre une vie normale», a-t-il martelé.
Une source très proche des cercles de décision nous a confirmé que les autorités concernées s’apprêtent à annoncer l’allégement des mesures préventives et sanitaires. «L’heure du couvre-feu nocturne sera repoussée et les secteurs touchés par lesdites mesures pourront bientôt reprendre leurs activités», croit savoir notre interlocuteur.

La rentrée des classes menace-t-elle cette amélioration ?
Si les indicateurs statistiques montrent une baisse des contaminations et une amélioration de la situation sanitaire, la rentrée des classes pourrait-elle mettre un coup de frein à cette amélioration ?«Pas vraiment», estime Dr O. Redoine qui tient tout de même à mettre en garde contre le risque de «circulation intense» chez les moins de 12 ans, pour qui la vaccination n’est pas autorisée. «On parle beaucoup de la rentrée scolaire mais au cours de l’été aussi il y a beaucoup de brassage, on sort plus, on voit plus de gens», assure-t-il. Et d’ajouter : «Si on se réfère à l’an dernier, on n’avait pas observé de remontée en flèche des cas après la rentrée. On était déjà sur une pente ascendante mais il n’y a pas eu d’accélération».
Entre la rentrée de l’an dernier et celle de cette année, le taux d’incidence a nettement diminué. La vaccination, quant à elle, progresse à grand pas chez les adolescents, suite à l’organisation de grandes opérations de vaccination dans les collèges et lycées. Aujourd’hui les plus de 12 ans sont vaccinés à 65,6%. Mais ce qui préoccupe le plus Dr O. Redoine, c’est l’impact de la saisonnalité. « Moi, j’aurai plus tendance à être inquiet par l’arrivée de l’automne que par la rentrée», assure-t-il. Et de préciser :«On sait que cette saison favorise les transmissions même si ce n’est pas l’unique facteur». Ce spécialiste cite, à titre d'exemple, la rentrée scolaire en France qui semble, selon lui, ne pas avoir eu d’impact sur l’épidémie pour le moment, les taux d’incidence étant en baisse dans toutes les tranches d’âge scolaire.

Un risque de «cluster» 3,5 fois plus important dans les écoles qui n’imposent pas le port du masque
Imposer le masque aux enfants ? Depuis un an et demi de pandémie de Covid-19, les stratégies varient selon les pays. Au Maroc, le port de masque à l’école n’est pas obligatoire. Cette décision que les autorités justifient par le bien-être des enfants, inquiète certains scientifiques qui craignent une hausse des contaminations dans les établissements scolaires.
Deux nouvelles études américaines, réalisées par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, semblent plutôt en contradiction avec le choix marocain… même s’il est difficile d’en tirer des certitudes définitives.
La première étude a été menée sur un millier d’écoles en Arizona, divisées en trois groupes: celles qui ont imposé le masque à leurs élèves et aux membres du personnel dès la rentrée, celles qui l’ont fait à n’importe quel moment par la suite, et celles qui n’imposent pas le masque.
Les auteurs ont regardé combien d’épisodes épidémiques avec au moins deux cas positifs avaient été recensés du 15 juillet au 31 août. Il en dénombrent 191, dont 16 dans les écoles avec masque obligatoire dès la rentrée, 62 dans celles qui l’ont décidé plus tard, et 113 qui n’ont jamais imposé cette mesure. Après ajustement des données, les auteurs du rapport aboutissent à un risque de «cluster» 3,5 fois plus important dans les écoles qui n’obligent pas les élèves et le personnel à porter le masque que dans celles qui l’ont décidé dès le départ. Ces données portent donc sur le risque de voir survenir un début d’épidémie en milieu scolaire, et pas sur le nombre de cas positifs.
Tel est justement l’objet de l’autre étude, menée cette fois à l’échelle du comté et relayée par «Le Parisien». Les auteurs ont voulu savoir si le taux d’incidence chez les mineurs avait plus ou moins augmenté en fonction des mesures sanitaires à l’école. Seules les circonscriptions où la même règle (masque obligatoire ou non) s’appliquait à toutes les écoles ont été prises en compte, soit 520 au total. Résultat ? Le nombre de cas positifs chez les mineurs a augmenté dans tous les comtés, mais davantage dans ceux sans masque obligatoire (environ 18 cas pour 100 000 habitants en plus). «Cette étude présente cependant plusieurs limites. Pour commencer, corrélation n’est pas causalité et d’autres facteurs peuvent expliquer cette reprise épidémique, même si les auteurs ont pris soin d’ajuster leurs résultats en fonction de plusieurs variables», soulignent nos confrères du Parisien.

Retour imminent des supporters aux stades
Dans le cadre de la levée progressive des restrictions, les nombreux férus de football marocains vont bientôt pouvoir retrouver les gradins pour supporter leurs équipes. Le retour des supporters dans les stades a en effet été au centre d’une réunion du Comité directeur de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) avec le ministère de l’Intérieur et le Comité scientifique chargé du suivi de la pandémie. De nouvelles conditions ont été établies pour ouvrir les stades. Une jauge de 40% sera imposée à l’ensemble des stades pour permettre la distanciation entre les différents spectateurs. Aussi, il a été décidé d’interdire complètement l’accès des mineurs et ce même s’ils sont accompagnés. Il sera aussi interdit de vendre l’eau ou différentes boissons en plus des produits alimentaires à l’intérieur des enceintes.
Les stadiers à l’entrée des stades vont devoir prendre la température de tous les spectateurs pour interdire l’accès à ceux qui présentent des symptômes de fièvre. Il va sans dire que les seules personnes qui auront la possibilité d'entrer au stade sont celles qui vont présenter un Pass sanitaire. Les portiques seront d’ailleurs équipés d’unités pour lire les QR ou codes inscrits sur le pass.
La FRMF n’attend que le feu vert des autorités, alors que les clubs sont priés de se préparer pour renouer avec le retour du public. Il seront notamment obligés de désinfecter l’ensemble des gradins, mais aussi les toilettes et les portes en plus des couloirs. 



 


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