La majorité gouvernementale soucieuse de se doter d’une charte de bonne conduite

19/02/2018

S’acheminera-t-on vers plus de solidarité et de coordination ?

Cette fois sera-t-elle la bonne ?  Oui, à en croire Mohamed Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS, qui a annoncé, samedi dernier, lors de la réunion de la Commission administrative de son parti, que  la signature de la Charte de bonne conduite  gouvernementale pourrait avoir lieu aujourd’hui à Rabat. Une signature reportée à plusieurs reprises faute d’accord entre les différentes composantes de l’Exécutif.  
La  dernière mouture prévoit une nouvelle organisation de travail qui confère aux réunions des chefs de la majorité un caractère officiel.  Ces derniers se réuniront de manière régulière pour discuter des politiques conçues par leurs ministres et se mettre d’accord sur une seule ligne de conduite. Un comité de coordination sera également mis en place au niveau parlementaire afin de renforcer la concertation entre les ministres et éviter tout incident de parcours qui pourrait créer des tensions. 
Quelle  valeur cette charte  aura-t-elle ? «Au niveau juridique, il y a deux documents qui  guident le travail du gouvernement, à savoir la Constitution qui définit son action et ses attributions et  la Loi organique n° 065-13 relative à l'organisation et à la conduite de ses travaux et au statut de ses membres. La charte de bonne conduite ne fait pas partie de ces documents puisqu’il s’agit d’un accord de nature politique et morale et non juridique», nous a indiqué Aziz Idamine, chercheur en sciences politiques. Et de poursuivre : «En d’autres termes, il s’agit d’un pacte  entre les composantes de la majorité gouvernementale qui n’est contraignant que pour les partis politiques et non pour le gouvernement». 
Concernant la charte qui doit être signée en principe aujourd’hui, notre source estime qu’il s’agit d’une mesure conçue pour induire davantage de coordination et de solidarité entre les composantes de la majorité gouvernementale dans un contexte marqué par les tensions  et les mésententes. «Plusieurs désaccords et couacs ont perturbé le travail de l’Exécutif depuis la nomination de Saâd Eddine El Othmani il y a plus d’un an. Le dernier épisode en a été la  passe d’armes  entre l’ancien secrétaire général du PJD et celui du RNI», nous a-t-elle expliqué tout en précisant que la charte en question n’apportera pas de valeur ajoutée puisque le gouvernement d’El Othmani fonctionne depuis un bon bout de temps sans ledit document.  «Avec ou sans charte, rien ne va changer», nous a-t-elle affirmé. 
Un point de vue que confirment, selon Aziz Idamine, les deux expériences antérieures du gouvernement précédent. «La signature d’une charte de la majorité sous les  gouvernements Benkirane I et II n’avait pas empêché l’émergence de conflits et de blocages entre les composantes de l’Exécutif. L’opinion publique marocaine a encore en tête ces clashs à répétition entre le PJD et le PI ainsi qu’entre le PJD et le RNI. Aujourd’hui, le gouvernement vit également au rythme des désaccords qui ont pris des proportions alarmantes avec le boycott par le RNI du conseil de gouvernement.  A ce propos, on se demande si cette charte pourrait apporter une solution à ces antagonismes», nous a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «En fait, en cas de conflit, on ne fait pas appel à la charte mais à une réunion des  chefs des partis». 
Notre source est catégorique. Elle considère la signature de cette charte comme un non-événement. «Il s’agit d’un acte politique circonscrit dans un contexte particulier pour laisser penser que tout va bien entre les différentes composantes de la majorité», ajoutant pour plus de précision: «L’équipe gouvernementale actuelle pèche par un manque de coordination entre ses différentes composantes et par une  absence de  solidarité. Ceci d’autant plus que l’Exécutif est tiraillé entre deux pôles, le PJD-PPS d’un côté, et le RNI-USFP-MP de l’autre». 
Concernant l’avenir de ce gouvernement, Aziz Idamine estime que le champ politique marocain est marqué par un usage qui  consiste à procéder à un remaniement ministériel de mi-mandat. «Ce fut le cas avec les gouvernements El Youssoufi en 2000, Jettou en 2005, El Fassi en 2009 et Benkirane en 2013. Et il est donc fort probable que ce gouvernement soit  de nouveau remanié vers la fin de 2019. Il s’agira d’une sorte de réorganisation de cet Exécutif. Y aura-t-il des élections anticipées ? Je ne le pense pas vu  le coût financier et politique de pareille opération. A rappeler que la formation de l’actuelle équipe gouvernementale avait pris beaucoup de temps ... Et tout cela a un coût en matière d’image du Maroc, de sa stabilité politique et de son  économie», a-t-il conclu.
 


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