La majorité des plages marocaines propres à la baignade

22/06/2021

Les régions les plus peuplées du Royaume concentrent les côtes maritimes les plus polluées

La saison estivale est lancée. Les ballons, claquettes et autres maillots de bain sont de sortie et les parasols fleurissent sur les plages comme les capucines en été. Dans un pays où 13 des 16 régions sont couvertes par un littoral réparti sur deux façades maritimes longues de 3.500 km dont plus de 500 km sur la Méditerranée et un peu moins de 3.000 km sur l’Atlantique, se prélasser sous les rayons du soleil, humer l’air marin, piquer une tête dans la houle d’une vague ou tout simplement observer une pause sont autant de petits plaisirs fébrilement attendus, tout au long de l’année, par les grands comme les petits. Mais ces plaisirs sont contrariés à certains endroits à cause de nombreuses plages impropres à la baignade. Au vrai, à l’échelle du pays, il est plus difficile de trouver une plage impropre à la baignade, à la faveur notamment d’un taux de conformité des eaux de baignade des plages marocaines aux normes de qualité microbiologique de l’ordre de 87,6%, chiffre basé sur le traitement statistique des résultats des quatre dernières années et suivant 4 catégories de qualité : excellente, bonne, suffisante et insuffisante. Ce taux, on le doit au département de l'environnement qui l’a récemment dévoilé lors d’une conférence de presse destinée à présenter son rapport sur les eaux de baignade des plages pour l'année 2021. Mais il y a tout de même un hic. Les 12,94% des stations non conformes restantes, représentant 55 stations réparties sur 29 plages, se situent dans deux des régions les plus peuplées du Royaume, à savoir CasablancaSettat et Rabat-Salé-Kénitra. Plus une troisième, Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Si cette dernière n’a pas connu un immense boom démographique ces dernières années, il n’en reste pas moins que c’est une destination prisée en été. La mention ‘’plage non conforme” puise sa source dans “l’influence des rejets d’eaux usées et les apports des oueds et des cours d’eau, conjugués à l’insuffisance des infrastructures d’hygiène au niveau des plages” selon le rapport du département de l’environnement. Mais pas que. Elle est aussi liée à une conscience environnementale qui frise le néant. Inconscience amplifiée par la pression démographique qui caractérise les trois régions précitées. Pourtant, la loi n° 11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de l'environnement, impose au gouvernement de “protéger l'environnement contre toute forme de pollution et de dégradation quelle qu'en soit l'origine”. L'exécutif serait donc bien inspiré de sévir contre les pollueurs, qu’ils soient de simples baigneurs ou de grandes usines de production. Mais il y a peu d’espoir, comme en témoigne la loi bannissant les sacs en plastique, instaurée depuis plus de quatre ans, et qui est aussi inutile qu’une télécommande sans piles. En somme, le rapport sur les eaux de baignade des plages est drapé d’optimisme, mais à y regarder de plus près, il est plus inquiétant qu’il n’y paraît. Certes, sur les 461 stations de prélèvement, 370 ont été déclarées de qualité microbiologique conforme aux exigences de la norme NM.03.7.199, mais celles qui ne le sont pas se trouvent là où il y a le plus de baigneurs potentiels. Une campagne de communication et de sensibilisation ne serait vraiment pas superflue afin de prévenir les citoyennes et citoyens du danger qui les guette. Par exemple, les plages polluées sont connues pour augmenter les risques d'otite externe, entre autres maladies. Assez pour faire d’une journée rêvée à la plage un véritable cauchemar.

​Attention au courant d’ arrachement
La pollution n’est pas l’unique menace lors d’une journée à la plage. Qui n’a jamais eu l’impression de nager en mer sans pour autant avancer ? Comme s’il était cloué sur place. A dire vrai, ce n’est pas qu’une sensation, mais l’une des particularités du courant d’arrachement, aussi appelé ‘’RIP Current’’, courant de Baïne ou flot de retour. 80% des personnes sauvées de la noyade de l’autre côté de l’Atlantique ont failli être happées par ce courant. Ce phénomène n’est malheureusement pas exclusivement réservé aux côtes américaines. Extrêmement dangereux et mortel, il sévit également dans les flots qui bordent les rives atlantiques marocaines. Selon un expert, les courants d’arrachement intenses, étroits et dirigés vers le large, sont «majoritairement observés le long des plages sableuses dominées par l’action de la houle parce que leur point principal est justement le déferlement des vagues». C’est, d’ailleurs, certainement la raison pour laquelle on retrouve toujours le flot de retour sur la plage d’Ain Diab, à Casablanca, entre autres. Plus en détail, un expert nous explique le mécanisme du RIP Current : «Les vagues se brisent sur une grande surface de la plage entraînant des échanges hydro-sédimentaires. Le volume d’eau est si important que pour être évacué, un couloir doit se former sous la surface entraînant avec lui l’eau vers le large avec une puissance démesurée». Et d’ajouter : «Ces courants qui font partie de la dynamique littorale peuvent être accentués par la marée descendante. Ils ne doivent en aucun cas être sous-estimés». S’il n’est pas toujours possible d’échapper à ces courants, il y a tout de même quelques mesures à prendre : «Premièrement, ne paniquez surtout pas et évitez de nager à contre-courant, car ce type de courant est fort et entraîne vers le large. Deuxièmement, se déplacer parallèlement à la plage afin de s’éloigner du courant d’arrachement et sortir du couloir».


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