L'insomnie chronique affecte aussi la mémoire

23/05/2019

Au-delà de ses effets incontestables sur le moral, l'insomnie chronique entraînerait aussi des pertes cognitives importantes, comme des trous de mémoire, révèlent des recherches montréalaises.

L'insomnie chronique est évoquée lorsque des difficultés à s'endormir ou à rester endormi se manifestent au moins trois nuits par semaine, et ce pendant plus de trois mois. Elle est associée à de nombreux symptômes - malaise, fatigue et irritabilité, sensation générale de mal-être, troubles de l'attention, de la concentration - qui affectent le quotidien des personnes qui en souffrent. Selon une nouvelle étude, publiée dans la revue Sleep le 15 mai, ces problèmes diurnes affecteraient également la mémoire.
Les chercheurs ont analysé les données de 28.485 participants canadiens âgés de 45 ans et plus. Certains patients souffraient d'insomnie chronique, d'autres en présentaient les symptômes sans se plaindre d'impact sur leur fonctionnement diurne, et le dernier groupe affichait une qualité de sommeil normale. Tous ont vu leurs fonctions cognitives et leur vie nocturne évaluées, à travers des questionnaires, des examens physiques et une batterie de tests neuropsychologiques.
Les personnes touchées par l'insomnie chronique ont significativement moins bien réussi les tests que celles appartenant aux deux autres groupes. «Mais c'est surtout la mémoire déclarative (mémoire basée sur des concepts et des faits, comme le sens des mots, les lieux et événements historiques) qui était affectée», développe  le Dr Thanh Dang-Vu, professeur de neurologie aux universités Concordia et de Montréal.
La découverte est importante, puisque les problèmes de mémoire peuvent évoluer avec l'âge. Ils commencent notamment avec des signes discrets, qui s'accentuent au fil des années «L'insomnie chronique est potentiellement une maladie qui expose à davantage de risques», explique le chercheur. Elle pourrait être le précurseur de maladies cognitives comme Alzheimer, présume-t-il.
Il met ainsi en garde comme la banalisation de la pathologie. Celle-ci a déjà été associée à la dépression, l'anxiété, les maladies cardiovasculaires ou le diabète. Mais selon lui, les impacts d'un mauvais sommeil sont sous-estimés. Pourtant, le « problème [est] très répandu, on ne parle pas d'une maladie rare. C'est probablement l'une des conditions les plus fréquentes que les médecins peuvent rencontrer en cabinet», affirme-t-il.
Les prochaines recherches auront pour objectif de mieux comprendre la relation entre mauvais sommeil et troubles cognitifs : «Est-ce que la présence d'une insomnie chronique prédispose au déclin cognitif ? Est-ce qu'il s'agit de déficits cognitifs qui sont réversibles avec le traitement des troubles du sommeil?». «Il s'agit là de plusieurs questions importantes qui doivent encore être explorées et qui auront un impact majeur sur la prévention et la prise en charge des troubles cognitifs liés au vieillissement», conclut le Dr Dang-Vu.


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