L’artiste plasticien Salem Chouatta ou l’art de rendre visible l’invisible

19/11/2019

Dans son livre intitulé «La pensée créatrice», Paul Klee souligne que «la fonction de l’art n’est pas de reproduire le visible, mais de rendre visible  l’invisible», signifiant par là que l’œuvre d’art doit s’inspirer de l’irréel et de l’irrationnel.  Donnée trop claire, évidente même, chez l’artiste peintre Salem Chouatta qui ne s’intéresse jamais à la reproduction de ce que le spectacle du monde nous offre comme image ; mais, plutôt à la création des formes et des couleurs à partir de l’invisible. Toutes les formes sont ici incomplètes, incompréhensibles donc, car l’irrationnel occupe une place prépondérante, le hasard et l’accidentel jouent un rôle principal, décisif même, dans la réalisation de cette œuvre non figurative.
N’est-ce pas l’essence de l’art abstrait ? Un artiste abstrait est-il capable de préméditer la signification de son œuvre ?    
«Je me distrais !», telle est la réponse favorite, toujours prête, que nous donne Salem Chouatta, artiste autodidacte, chaque fois qu’on aborde avec lui le sujet de son œuvre. En fait, dans ce processus de réalisation abstraite, la préoccupation de l’artiste est de réaliser des compositions plastiques acceptables et harmonieuses, ce qui lui impose un certain équilibre qu’il ne peut atteindre que par la grâce de la volonté créatrice de l’œuvre et non pas par sa propre volonté à lui, car il n’est pas maître de la situation.
Wassily Kandinsky, ne dit-il pas que l’œuvre se détache de l’artiste, qu’elle acquiert une vie autonome, devient une personnalité, un sujet indépendant, animé d’un souffle spirituel, le sujet vivant d’une existence réelle?
C’est pourquoi le critique d’art Nadim Rachiq fait remarquer qu’«on ne s’est jamais posé la question sur la signification d’une symphonie de Beethoven ou de Vivaldi …,  pour  conclure que «celui qui écoute une œuvre musicale ne s’adresse jamais à celui qui l’a composée pour comprendre ce qu’il voulait exprimer ou ce qu’il voulait dire à travers sa symphonie» (Pluton, avril 2016).
Plus l’artiste avance dans sa réalisation, plus cette dernière lui dévoile ses secrets, ses mystères, l’esthétique des formes et des couleurs. Elle lui impose un certain itinéraire, elle le guide dans sa recherche de l’équilibre.
Côté couleur, Salem Chouatta exploite : le rouge qui est le monde des efforts, représentant le concret, la sécurité, l’autonomie… ; le bleu, qui est le monde de la communication et de l’intuition, représentant l’écoute, l’expression, l’improvisation, la création, l’action, l’originalité, l’art… ; le gris, qui représente des valeurs négatives, symbolisant la tristesse, la dépression, le désarroi, la solitude, la monotonie et, enfin, le blanc qui représente principalement des valeurs, plutôt, positives comme la pureté, l’équilibre ou l’innocence, nous faisant penser également au calme, à la paix et à la sérénité.


 


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