L’abattage des chiens une vile pratique impunie

L’OMS prône pourtant des méthodes sobres et efficaces

13/04/2018

Qui veut noyer son chien l’accuse de rage, dit-on et cette maxime en remplaçant ‘’noyer’’ par abattre, n’en devient que plus illustrative dans le plus beau pays du monde au regard de l’abattage massif justement dont, ont été victimes ces derniers temps, nos clebs ici-bled. Le plus récent et qui a mobilisé des internautes sur les réseaux sociaux suite à la diffusion de plusieurs vidéos montrant des employés municipaux abattre à coups de chevrotines à grande échelle des chiens errants ou en divagation, voire des bêtes stérilisées, vaccinées et taguées dans des localités proches d’Agadir, Tamraght et Aourir entre autres.
Cette expédition punitive jeudi dernier en terre soussie, fait suite à d’autres qui ont eu lieu dans plusieurs villes et régions marocaines qui avaient défrayé les chroniques, et ce, bien au-delà de nos frontières. Des ONG s’étaient soulevées contre ces barbaries de temps révolus en d’autres pays. Justement, Agadir donnant l’exemple avait même signé des conventions ou protocoles avec des associations de protections d’animaux afin de vacciner, taguer, stériliser et ligaturer chiens et chiennes errants et surtout l’interdiction de les abattre. Or lors du massacre, beaucoup d’entre ces derniers ont fait partie du lot macabre. Le prétexte tout trouvé des communards à défaut de la rage qui aurait plutôt mieux fonctionné, est d’un ridicule. Jugez-en !  "Les chiens dérangent les touristes". De qui parle-t-on ? Allemands, Français, Britanniques, Russes ... ou ceux qui s'abreuvent d'alcool après la prière ? D’aucuns ont aussi prêché le zèle et l’initiative d’un caïd au-dessus de tout cela.
On privilégie plus au Maroc cette façon de tuer que le poison utilisé lors des campagnes d’abattage car ce dernier de par sa stabilité et sa durée se répand dans la nature sans se dégrader et rejetant ses substances malsaines et mortelles dans  la chaîne alimentaire, passant de la charogne aux insectes et leurs prédateurs (autres microfaunes), puis à la végétation et ainsi de suite jusqu’à finir même dans nos assiettes.
L’impact de cette sauvagerie systématique aux dégâts collatéraux inestimables porte atteinte à l’image de notre pays surtout en ces temps où l’on rivalise avec d’autres nations et non des moindres, afin d’organiser un évènement mondial, dont rêvent depuis des décennies et des décennies, nos compatriotes à savoir l’organisation de la Coupe du monde 2026. Ô temps, ô espace! (visite d’inspection de la FIFA le 17 avril à Agadir), des mauvaises langues ont vite fait d’associer ce fait de rubrique ‘’chiens écrasés’’ à la Task Force disant que les Gadiris avaient pris exemple sur la Russie qui avait décidé pour le bon déroulement de son Mondial d'abattre des milliers de chiens errants présents dans les onze villes hôtes. Qu’à cela ne tienne ! Nos autorités, par ailleurs, à titre de défense brandissent à chaque coup de fusil ou d’empoisonnement, la Réglementation spécifique de la rage. En effet, même si revu et corrigé à plusieurs reprises, il est un Arrêté et plus particulièrement le plus récent, celui du ministre actuel de l'Agriculture et de la Pêche maritime n°2271-13 du 17 Moharrem 1435 (21 novembre 2013) relatif aux mesures complémentaires et spéciales pour lutter contre la rage animale, qui permet justement l’abattage des animaux.
La vraie raison d’une battue au regard de la législation marocaine est cette maladie funeste qu’est la rage dont le vecteur principal entre autres animaux reste le chien. Plus de quatre cents cas d’animaux et une vingtaine d’humains sont recensés chaque année, ce qui fait que dans le Royaume ce fléau est une zoonose très présente.
Mais est-ce que l’abattage systématique est une solution à la rage ? Non bien sûr. La population de chiens errants ou en divagation au Maroc, est estimée à plus de 2 millions. Sans aucun contrôle, ils peuvent certes transmettre d’autres maladies que la rage. Et quand on en abat, d’autres reconquièrent le territoire abandonné. De plus, qu’on le veuille ou non, ils sont utiles. Ils se nourrissent dans les décharges publiques et enrayent la prolifération d’autres bestioles plus nuisibles à l’homme tels les rats par exemple. Cependant comme dirait un vétérinaire notoire, le Dr Yassine Jamali, il est une alternative efficace recommandée par l’OMS qui a été développée par l’Inde, la Turquie et d’autres pays. Il s’agit de la méthode TNR, en anglais Trap Neuter Release qui signifie “Attraper, Stériliser, Relâcher”. Pratiquée à Jaipur, Chennai, Mumbai, cette méthode a permis en quelques années de réduire le nombre d’agressions et de supprimer totalement les cas de rage humaine. En même temps qu’ils sont stérilisés, les chiens sont vaccinés, soignés et déparasités. Relâchés très rapidement sur leur territoire à l’endroit exact où ils ont été capturés, ils le réoccupent et le défendent.
Alors que sous d’autres cieux, les sociétés et notamment celles occidentales progressent sans cesse dans le sens de la protection des animaux, le meilleur ami de l’homme au Maroc, le chien, au contraire du chat qui lui aussi est autant vecteur de microbes, d’épidémies et de maladies contagieuses, demeure cet animal maudit de par une culture religieuse qui ne lui vaut que cruauté gratuite.


Commentaires (1)
1. Anne Keil le 13/04/2018 10:51
🛑
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