L'“Algérie nouvelle” s’installe dans la dictature

12/05/2021

En soumettant la liberté de manifestation au régime d’autorisation préalable, "-l’Algérie nouvelle- s’installe dans la dictature", a dénoncé la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH). "C’est insensé et illégal", s’est indigné le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi en réagissant au communiqué du ministère algérien de l’Intérieur qui exige désormais que toute manifestation fasse l’objet d’une déclaration préalable et déclare son itinéraire et ses slogans à scander auprès des services compétents. "Le pouvoir est démasqué. Sa volonté d’en finir avec le hirak et d’interdire les marches pacifiques s’est révélée au grand jour", regrette-t-il, en se demandant : "le pouvoir exige du peuple une demande d’autorisation pour marcher les vendredis ? Il estime que le pouvoir, qui est pris au piège de ses propres contradictions, n’a pas cessé de faire le marketing de la nouvelle Constitution en affirmant qu’elle consacre le régime déclaratif pour l’exercice des libertés. Selon le vice-président de cette organisation algérienne de défense des droits humains, le pouvoir se contredit en revenant au régime d’autorisation préalable. Selon des défenseurs des droits de l’Homme, le département algérien de l’Intérieur, qui a passé sous silence la répression des manifestants durant les deux derniers vendredis à Alger et dans plusieurs villes du pays, adresse ainsi un message clair au hirak et, par ricochet, à toutes les organisations qui envisageraient d’organiser, à l’avenir, des manifestations de rue. L'Algérie a enregistré, à quelques semaines des élections législatives, une montée sans pareille de la répression et des interpellations des manifestations. Pas plus tard que mardi dernier, la police avait empêché, pour la deuxième fois consécutive, les étudiants de manifester à Alger, comme ils le font chaque semaine. Vendredi dernier, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux devenue virale quelques minutes après et qui montre des images d’une violence inouïe contre un sexagénaire maltraité lors d’une interpellation musclée lors de la marche hebdomadaire du hirak, a provoqué l’ire des Algériens qui ont dénoncé "un énième dépassement" des forces de l’ordre. L’interdiction de ces manifestations intervient dans un contexte d’intensification de la répression contre des militants hirakistes, des opposants politiques et des journalistes, à l’approche des législatives anticipées. Quelque 66 détenus d’opinion sont actuellement incarcérés en Algérie pour des faits ayant un lien avec le hirak ou les libertés individuelles, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), un groupe local de surveillance. D’autres organisations de défense des droits humains ont fait état de l’interpellation de pas moins de 750 personnes, des militants et activistes du Hirak, par les services de sécurité tout au long du mois d’avril passé à travers toute l’Algérie. Dans un communiqué, Amnesty International a relevé que le CNLD a recensé début février dernier au moins 2.500 arrestations de manifestants, journalistes et militants à qui il était reproché de s’être impliqués pacifiquement dans le mouvement du Hirak. L’organisation de défense des droits humains, qui a appelé à la libération immédiate de ces détenus d’opinions, a relevé que les autorités algériennes s’appuient sur des lois répressives pour persécuter des dizaines de manifestants pacifiques en invoquant notamment l’"atteinte à l’unité nationale", l’"atteinte à l’intérêt national", l’"incitation à un rassemblement non armé", l’"outrage à des représentants de l’état" ou encore l’"outrage au président de la République", comme elles l’avaient fait dès la naissance du Hirak, en février 2019. Le Hirak, ce mouvement de protestation de grande ampleur qui a chassé le président algérien Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 ans de règne sans partage, avait repris le 22 février dernier après près d'une année de suspension pour cause de la pandémie de Covid-19 qui sévit en Algérie et dans le monde entier.


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