Douaa Serhir : “J’aime rêver surtout quand il est possible de réaliser ses rêves”

27/10/2021

Peut-on vraiment avoir de l’ambition sans prétention ? Notre entretien avec Douaa Serhir en est la confirmation. Il dépeint une artiste au parcours atypique à l’aube d’une carrière prometteuse, lancée depuis la production de “Lose my mind”. Un premier titre autoproduit, savant mélange de pop et d’électronique, et dont le clip a enregistré plus de 430.000 vues sur YouTube.
Rêveuse tout en faisant attention à garder les pieds sur terre, Douaa Serhir prend un malin plaisir à jongler entre sa passion pour la musique, qui a d’ailleurs bercé son enfance au sein d’une famille où l’art est roi, mais aussi son métier d’analyste financière pour une multinationale en France, après l’obtention d’un master en finance de marché. Pas très glamour, on vous le concède, mais le contraste saisissant entre ses carrières professionnelle et artistique renforce sa singularité et son originalité dans un univers artistique conformiste à souhait.
Un univers dont les arcanes lui étaient inconnus jusqu’ici. Douaa Serhir l’a d’ailleurs abordé sur la pointe des pieds, sans se départir de son enthousiasme débordant et communicatif. Elle nous le raconte à sa manière, sans oublier de mentionner celles et ceux qui ont, de près ou de loin, participé à l’éclosion d’une artiste dont on n’a pas fini de parler.

Libé : Le regard des autres a-t-il changé depuis que vous avez entamé votre carrière artistique ?
Douaa Serhir : Pas vraiment. Les membres de ma famille ont toujours le même comportement. Au travail, ils n’étaient pas vraiment au courant. Quand je le leur ai annoncé, tout le monde l’a bien pris. Surtout que je ne compte pas démissionner de sitôt.

Si un jour vous devez faire un choix entre la musique et votre profession?
Tout comme ma carrière musicale, ma carrière professionnelle est un projet à long terme. J’y ai consacré beaucoup de temps et d’énergie. Du coup, je ne me vois pas tout plaquer pour la musique. Mais à l’avenir, si j’ai la possibilité de vivre de ma passion et de ma musique, je ne vais pas hésiter longtemps. Surtout si c’est permissible d’un point de vue financier. N’oublions pas que je vise le marché marocain. Et je ne crois pas qu’au Maroc on puisse vivre de la musique. En tout cas, pour le moment je compte bien évidemment garder mon travail.

A quel moment êtes-vous tombée amoureuse de la musique ?
Aussi loin que je me souvienne, j’ai été passionnée par la musique. J’ai baigné depuis ma tendre enfance dans cet univers. Ma maman chante depuis toujours, lors d’événements familiaux. A la maison, dans la voiture. Partout. Mon oncle est professeur de flûte traversière. De plus, je me suis construit une culture artistique à travers de nombreuses activités telles que le théâtre, le chant, le piano. Forcément, à un moment donné, j’ai trouvé beaucoup de réconfort dans l’écriture et l’interprétation de mes chansons. Donc en vrai, c’est après plusieurs années de pratique artistique que je suis vraiment tombée amoureuse du processus de création.

Quelles sont vos influences musicales?
Amy Winehouse, Britney Spears, Adèle, Alicia Keys, principalement des artistes des années 2000 et en particulier la pop américaine. J’aime aussi énormément les artistes de la chanson française classique, comme Lara Fabian, Lorie, Hélène Ségara. Donc j’ai vraiment une culture musicale diversifiée. Une sorte de mix entre les cultures musicales européennes, américaines et surtout marocaines, mes origines natales. Mon père écoutait beaucoup de Tarab et Nass El Ghiwane. D’où ce mix entre l’authenticité et la modernité dans mon expression musicale.

Vos parents tiennent un rôle important dans votre carrière ?
Ma mère est ma manageuse. Donc dans les faits, mes parents m’aident beaucoup et contribuent à l’évolution de ma carrière artistique. Dès le début, ils ont été très compréhensifs. On avait un deal, dès lors que je réussissais mes études et que je me prenais en main, j’avais toute la liberté de faire ce que j’aime et notamment de concrétiser mes projets artistiques. Quand j’ai eu mon diplôme, l’année dernière, j’ai travaillé et c’est à ce moment que j’ai eu l’idée de faire une chanson. J’en ai parlé à mes parents, ils étaient totalement d’accord.

Est ce que vous avez signé avec un producteur ou une maison de disques ?
Je n’ai encore rien signé avec personne. Je suis une artiste indépendante. Le clip a été fait en autoproduction, avec le concours de mon équipe. J’ai collaboré avec Said Moussaria, le réalisateur du clip et le Beatmaker, Tarik Lahjaily Madara. Et on a eu le privilège de recevoir un artiste de renommée sur la scène artistique marocaine, Sy Mehdi. Son soutien a apporté de la visibilité au clip.

Par quel moyen avez-vous intégré l’univers de la musique pro ?
Au début, j’ai commencé à écrire des chansons toute seule avec ma guitare. Je me suis créé un petit studio chez moi. J’ai acheté une carte son et un micro. J’ai écrit mes chansons, un peu avant le confinement. Et pendant le confinement, je me suis vraiment dévouée corps et âme à mes compositions. Ce qui m’a permis d’avoir des maquettes prêtes. Un jour, mes parents ont rencontré un producteur, en l'occurrence Saïd Moussaria. Au même moment, j’ai appelé ma mère pour lui exprimer mon envie de me lancer, mais qu’il me fallait un Beatmaker pour enregistrer une première chanson et la diffuser. Par chance, elle m’a mise en contact avec Mr. Moussaria.

Comment s’est passée votre collaboration ?
Au début, on s’est parlé brièvement. Et je ne voyais pas comment on aurait pu accrocher du fait qu’il produit des artistes dont les univers artistiques étaient drastiquement opposés au mien. J’avais l’impression de plonger dans une folle aventure mais aussi dans l’inconnu. Au début, c’était laborieux. Mais un jour tout s’est accéléré. Je lui ai envoyé une chanson et il m’a répondu sur le champ. Il m’a proposé de m’y concentrer. C’est à partir de ce moment que l'on s’est mis sur le projet de Lose my mind. Parce qu'on avait commencé notre collaboration sur une première chanson. Je l’ai enregistrée à Paris, mais finalement on ne l'a pas sortie.

Vous n'aviez aucune appréhension ?
Si si, j’appréhendais cet univers. Car on en parle comme un univers où il faut être méfiant. Mais je reste positive. Je suis accompagnée par ma famille et mes amis. Je n’ai rien à craindre. Je me sens plutôt en confiance. D’autant que je n’ai pas l’intention de créer le buzz ou autre. Je compte y aller petit à petit dans les règles de l’art. Par conséquent, je ne vois pas pourquoi ce milieu pourrait m’effrayer.

Quel est votre plan de carrière pour conquérir le marché marocain ?
Je n’ai pas vraiment de plan ou de stratégie particulière. D’ailleurs je ne vois pas les choses de cette manière. La scène artistique marocaine est vaste et il y a de la place pour tout le monde. L’industrie musicale n’est pas encore très développée au Maroc. Moi je reste plutôt dans la spontanéité. Au feeling et en fonction de mes moyens matériels et non matériels. En tout cas je fais des sacrifices pour avancer, développer et réaliser mon rêve qui est d'être une véritable chanteuse, non pas uniquement au niveau national mais aussi à l’international. J’aime rêver surtout quand il est possible de réaliser ses rêves.

Il y a un grand écart de style entre les reprises et vidéos partagées sur votre chaîne YouTube et “Lose my mind”
 Pour le clip, on a essayé d’avoir une nouvelle idée, l’écriture d’un scénario avec le concours de toute l’équipe et notamment l’idée Western que l’on a trouvée très originale et singulière au Maroc. S’agissant du style, je n'ai pas vraiment de style prédéfini. Je n’ai pas envie de me cloisonner et de me mettre des limites. "Lose my mind”, c’était un one shot. Mais je compte explorer d’autres genres musicaux. Je reste majoritairement influencée par la Pop américaine et l’univers artistique marocain. Je vais poursuivre sur ce chemin et développer mon propre style à l’avenir. D’autant plus que je compte sortir encore beaucoup de chansons. J’ai un long répertoire en réserve et je ne vais pas arrêter de vous surprendre.

Propos recueillis par Chady Chaabi


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