Brûler ce que l’on a adoré

26/06/2015

Brûler ce que l’on a adoré
A la fin des années 90, Abdelmoumen Rafik Khalifa, fils d'un ancien ministre de Ben Bella, un golden boy algérien et pharmacien de formation, est au sommet d’un art que d’aucuns lui jalousaient et qui, faute d’une maîtrise, l’aura, in fine, perdu.  
Pour le peuple algérien et surtout sa jeunesse qui se débattaient dans des années de sang d’une décennie noire, coincés entre barbus appelant à la lutte armée et une armée qui trouvait sa raison d’être dans la cupidité de ses généraux, celui qui bâtit tout un empire économique à partir d’un simple laboratoire ayant pignon sur rue dans la capitale française, apparaissait comme l’icône personnifiée de la réussite individuelle.
En peu de temps, il fondera El Khalifa Bank qui gère surtout les intérêts d'institutionnels liés au gouvernement algérien, une compagnie aérienne, Khalifa Airways qui clouera au sol les avions d’Air Algérie avant de s’offrir en France une chaîne de télévision, Khalifa TV, et à Londres, une chaîne d'information en continu K-News. Entre-temps il se fera plaisir en veillant aux destinées footballistiques de l’OM pour quelques années et acquerra biens immobiliers luxueux dans la région notamment à Cannes.
De ces succès fulgurants, il en devient alors un proche du premier cercle du président algérien Abdelaziz Bouteflika et croit alors en son immunité. Mais c’était sans connaître le maître des lieux et sa cour qui orchestre sa descente aux enfers. Ils le pointent du doigt pour avoir soi-disant dilapidé l’argent “présidentiel” et celui des proches qui, tous, mangeaient pourtant dans sa main.  
C’est la faillite du groupe. Une procédure de liquidation judiciaire est alors ouverte pour une question de liquidités justement. Ainsi trois de ses plus proches collaborateurs sont arrêtés à l’aéroport Houari Boumédienne avec en « poche » 200.000 euros. La suite, c’est une série d’enquêtes judiciaires dont une en France. Rafik Khalifa, réfugié à Londres, est condamné par contumace à perpétuité par la justice algérienne. Faisant l’objet d’un mandat international, le magnat, rattrapé par les affaires, est extradé en Algérie, histoire de goûter à la paille des paillassons de la prison d'El-Harrach à Alger.
Mardi, d’une peine revue et corrigée, il est condamné à dix-huit ans de prison ferme pour «association de malfaiteurs» sans que son principal associé et ex-mentor ne soit outre mesure inquiété. Mais celui-là… est autrement et piteusement condamné.







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