Bill Richardson: L'ex-diplomate américain spécialiste des libérations de détenus

17/11/2021

Bill Richardson est surnommé l'Indiana Jones de la diplomatie américaine pour ses missions officieuses auprès des bêtes noires des Etats-Unis
Il a été ambassadeur, ministre et gouverneur. Mais depuis qu'il est redevenu un simple citoyen américain, Bill Richardson se consacre à son rôle d'émissaire à son propre compte, spécialiste des missions délicates pour obtenir la libération de ses compatriotes détenus par "des régimes hostiles". Dernier fait d'armes, le jour de son 74e anniversaire: il a contribué à la libération du journaliste américain Danny Fenster en Birmanie, gracié et expulsé lundi par la junte militaire après six mois de prison. L'organisation à son nom qu'il a créée, le Richardson Center, a tweeté une photo de l'ancien ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations unies posant avec l'ex-prisonnier de 37 ans devant un petit avion sur le tarmac de Naypyidaw, la capitale de la Birmanie. Dans un communiqué, il met en avant son rôle, avec notamment "des négociations en tête-à-tête avec le général Min Aung Hlaing", chef de la junte birmane visé par des sanctions de Washington pour son coup d'Etat de février. Pourtant, il y a tout juste une semaine, Bill Richardson affirmait dans un entretien à l'AFP, au retour d'une précédente mission "humanitaire" en Birmanie, qu'il n'avait pas soulevé le cas de Danny Fenster. Il expliquait, sans plus de précisions, que le département d'Etat américain lui avait expressément demandé de s'abstenir. En privé, des responsables américains s'étaient montrés agacés, comme par le passé, par l'activisme de cette ancienne figure du parti démocrate, redoutant qu'il vienne parasiter les efforts officiels. Car le département d'Etat assurait régulièrement mettre tout en oeuvre pour obtenir la libération du journaliste. Interrogé à ce sujet, le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price s'était borné à dire que l'exgouverneur de l'Etat du NouveauMexique était "allé en Birmanie non pas en tant que représentant des Etats-Unis mais en tant que simple citoyen". Lundi, il a toutefois assuré que Bill Richardson avait agi "en contact régulier, et même quasi-constant dans les dernières heures", avec le gouvernement américain. Las, dans son communiqué de lundi, la famille Fenster remercie "spécialement l'ambassadeur Richardson", sans un mot pour le gouvernement des Etats-Unis. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a lui-même dû saluer son rôle. Né le 15 novembre 1947, Bill Richardson, dont la mère est mexicaine, a été un des premiers représentants de la communauté hispanique à atteindre de hautes fonctions politiques. Avec un CV impressionnant: parlementaire, ambassadeur à l'ONU puis secrétaire d’Etat à l'Energie sous la présidence de Bill Clinton à la fin des années 1990, gouverneur, puis premier Hispanique à concourir pour la Maison Blanche lors d'une candidature éphémère à la primaire démocrate en 2007, cet homme politique massif aux cheveux noirs avait ensuite soutenu Barack Obama, mais une affaire de financement de campagne l'avait contraint à renoncer à devenir le secrétaire d’Etat au Commerce du président démocrate en 2009. En parallèle de sa carrière politique institutionnelle, Bill Richardson s'est rapidement taillé une réputation de baroudeur, parfois surnommé l'Indiana Jones de la diplomatie américaine pour ses missions officieuses auprès des bêtes noires des EtatsUnis. Saddam Hussein en Irak, Fidel Castro à Cuba, Kim Jong Il en Corée du Nord, Nicolas Maduro au Venezuela... Depuis près de 30 ans, le bouillonnant émissaire multiplie les médiations privées auprès des pires ennemis de Washington. Mission "numéro un", selon le site internet du Richardson Center: "Négocier la libération de prisonniers et otages détenus par des régimes hostiles". Avec plusieurs succès à son actif, mais aussi quelques échecs moins mis en avant par cette personnalité au goût prononcé pour la médiatisation. Souvent, il élargit ses tractations à des sujets plus politiques, comme le nucléaire nord-coréen ou l'ouverture diplomatique à la junte birmane, suscitant les critiques de défenseurs des droits humains qui l'accusent d'offrir une légitimité à des régimes non démocratiques. "Je ne suis pas un gouvernement. Je ne légitime pas des gouvernements", a répondu Bill Richardson la semaine dernière à l'AFP. "Je suis juste une personne qui tente de changer les choses."


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