Appel à davantage de mobilisation pour “circonscrire” le mariage des mineures

21/03/2019

Les participants à une rencontre organisée mardi, à Marrakech, ont appelé à plus de mobilisation pour venir à bout et "circonscrire" le phénomène du mariage des mineures et le mariage forcé.
Les intervenants à cette rencontre initiée par l’Association Annaouat pour femme et enfant, avec le soutien de l’Ambassade de la Norvège, ont fait remarquer que l’éradication de ce phénomène passe par la conjugaison des efforts de tous les intervenants, appelant à impliquer notamment les mourchidines, mourchidates et les prêcheurs dans les campagnes de sensibilisation visant à circonscrire le mariage des mineures car le discours religieux a donné des résultats probants dans le cadre de la lutte contre ce phénomène.
Intervenant à cette occasion, la présidente de l’Association Annaouat pour femme et enfant, Amina Byouz, a indiqué que les objectifs principaux de cette réunion consiste à sensibiliser sur les pratiques traditionnelles des mariages des mineures et de les inclure dans le monde actuel, en prenant en compte les enjeux que cela comporte, mais également de ressortir avec des engagements concrets envers les victimes des mariages précoces et forcés.
Elle a, en outre, noté que le mariage précoce, qui est en augmentation alarmante, touche plus particulièrement les zones pauvres et rurales, où les populations ont un faible niveau de vie et un accès à l’éducation plus compliqué par manque de moyen.
Mme Byouz souligne que dans la plupart des cas, les familles ayant recours au mariage forcé et précoce de leurs filles, leur souhaitent un avenir meilleur et répondent aux pressions du milieu social.
Néanmoins, ces jeunes femmes voient alors leur droit à l’enfance et à l’éducation bafoués et volés, et leurs perspectives d’avenir et d’évolution limitées, a-t-elle déploré. Les mariages précoces et forcés maintiennent les jeunes filles dans des conditions de pauvreté et de soumission, de génération en génération, a-t-elle fait observer.
Mme Byouz a mis l’accent sur les graves conséquences de ce phénomène, dont les grossesses précoces, première cause de mortalité chez les jeunes femmes, mais aussi des répercussions psychologiques, sociétales et conjugales, néfastes pour la santé de la première concernée.
Le substitut du procureur général du Roi près la Cour d’appel à Marrakech, Moulay Hassan Souidi, a noté que les restrictions judiciaires n’ont pas permis de lutter contre ce phénomène, qui est en augmentation.
Dans une intervention sous le thème "Le mariage des mineures entre l’approche juridique et socioculturelle", il a relevé que ce phénomène social est lié à des traditions très enracinées chez certaines catégories sociales, nécessitant un grand effort pour les transformer.
Le directeur exécutif de la Commission régionale des droits de l’Homme de Marrakech-Safi, Yassine Dariane, a, pour sa part, indiqué que le mariage des mineures, qui est un phénomène mondial (12 millions de filles mineures se marient chaque année), est en augmentation alarmante, appelant à abolir l’exception (article 20 de la Moudawana) qui donne aux juges de larges prérogatives pour autoriser le mariage des mineures avant l’âge de la capacité matrimoniale prévu à l’article 19 de la Moudawana.
Et d’appeler à combler le vide juridique au niveau de la criminalisation du mariage des mineures au Maroc, à revoir les cursus scolaires de façon à garantir les droits des enfants et à promouvoir la santé reproductive.
Cette rencontre, qui a connu la participation de magistrats, des mourchidates, des représentants de la société civile, et des enseignants-chercheurs, a pour objectif de partager les bonnes pratiques afin d’établir des plans d’action efficaces et claires avec des indicateurs de réussite à court terme.
Lors de l’événement, les participants ont eu l’occasion d’entendre un témoignage poignant d’une victime de mariage précoce.


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