Pour le PJD, les artistes ne doivent pas se mêler de politique

L’engagement, ce nouvel ennemi des islamistes au pouvoir

27/09/2013

Pour le PJD, les artistes ne doivent pas se mêler de politique
La ministre de la Solidarité, de la femme (si peu), de la famille et du Développement social a beau démentir. Mais les faits sont là, et ils sont accablants. Au Festival du film de femmes de Salé, la responsable gouvernementale islamiste Bassima Hakkaoui a fait l’événement. A sa façon.
Celle qui est l’avocate inconditionnelle de l’art « halal », celle qui a d’abord commencé par ne pas condamner haut et fort les violeurs qui épousent leurs victimes mineures, celle qui n’est absolument pas contre le mariage des filles mineures et à peine pubères, celle qui considère que les droits des Marocaines sont une aumône pour avoir appelé son plan d’égalité «Ikram», cette ministre donc, la seule femme du gouvernement, n’a pas hésité à afficher en format XXL son soutien aux Frères musulmans et à l’ex-président égyptien destitué, Morsi.
Reprenons les faits. A l’ouverture de ce festival dédié à la création cinématographique féminine qu’organise l’Association Bouregreg, hommage est rendu à l’actrice égyptienne  Athar Al Hakim. L’artiste à la filmographie impressionnante s’est retirée du monde du cinéma et se consacre désormais à l’action sociale et caritative. Les organisateurs de ce grand rendez-vous culturel ont choisi de rendre hommage à Athar Al Hakim. Et c’est justement Bassima Hakkaoui, la ministre de la Femme, qui devait lui remettre le trophée. Sur scène, l’actrice égyptienne, meurtrie par les événements vécus par son pays, parle du général Essessi, celui-là même qui a renversé l’islamiste Morsi. Athar Al Hakim dit son soutien au nouveau président et son espoir de voir sa terre natale sortir de la crise. Bref, la comédienne, comme de très nombreux artistes de son pays et  des millions d’Egyptiens, est anti-Morsi et n’hésite pas à le faire savoir. Ces dernières semaines, les stars du pays des pyramides mettent à profit les tribunes de festivals pour soutenir les nouveaux dirigeants égyptiens et exprimer leur souhait ardent de ne pas voir l’Egypte plonger dans les affres de la guerre civile.
Bassima Hakkaoui ne l’entend pas du tout de cette oreille. Elle n’aurait pas apprécié les déclarations d’Athar Al Hakim. Elle aurait même refusé, dans un premier temps, de monter sur scène pour remettre son trophée-hommage à l’actrice qui, du point de vue de notre ministre, n’a pas à se mêler de politique. Selon certains supports de presse, il a fallu l’intervention de plusieurs personnalités pour qu’elle revienne à de meilleurs sentiments et remette le trophée à A. Al Hakim. La ministre le fait du bout des doigts, sans un regard pour l’artiste. Mais elle trouve le moyen de lui répliquer en lui suggérant avec force de prendre exemple sur le modèle marocain. Une manière de lui signifier en creux que les islamistes marocains au pouvoir doivent servir d’exemple aux Egyptiens qui eux ont chassé les leurs du pouvoir.
Cet échange entre une ministre islamiste- fan de Hassan El Benna ?- et une artiste engagée pour la reconstruction de son pays  fait le tour des rédactions. Les commentaires sont cinglants. Au point que la ministre de la Solidarité et de la Femme se voit obligée de rédiger « un démenti »( !) à l’agence officielle Maghreb arabe presse. Elle s’explique sur ce qui s’est passé à la cérémonie d’hommage de l’Egyptienne Athar Al Hakim et précise qu’elle n’a fait qu’«évoquer  le modèle marocain en termes de réformes, fondé sur la stabilité et l'implication de toutes les potentialités, un modèle réussi grâce à la conduite éclairée de SM le Roi, et qui mérite de servir d'exemple». Ah bon ? Et quel besoin avait donc la ministre voilée de discourir sur le modèle marocain « qui implique toutes les potentialités » alors qu’elle devait juste remettre un trophée à une actrice ? Pourquoi ne pas avoir parlé d’art, de l’apport culturel de la moitié de la société, voire même des droits –en l’occurrence du droit à l’expression artistique- de ces femmes qu’elle est censée défendre et représenter ? Et surtout quel besoin d’impliquer le Roi dans ce qui est en réalité un plaidoyer en faveur de l’ancien président déchu, Morsi ?
C’est à la « Une » d’Attajdid daté du mercredi 24 septembre qu’on pouvait obtenir réponse à toutes ces questions. Le journal porte-parole des islamistes du gouvernement enfonce le clou et révèle le fond de la pensée d’une Bassima Hakkaoui qui s’élève auprès de la MAP contre toutes ces allégations dont elle a fait l’objet  et «se réserve le droit de prendre toutes les mesures légales qui s'imposent».

«Les artistes égyptiens ? Tous fabriqués par le
régime Moubarak !»

En ouverture, ce quotidien islamiste  titre qu’«une actrice égyptienne rend hommage à Essessi à Salé …et Al Hakkaoui l’invite à profiter de l’exemple marocain». Suit un article à charge où les artistes égyptiens sont présentés, dans leur écrasante majorité,  comme «des fabrications du régime Moubarak». «Les festivals se sont-ils transformés en des espaces destinés à blanchir le coup d’Etat en Egypte?», se demande l’auteur de l’article publié en ouverture. Dans la même édition, un éditorial revient sur la question sous le titre «Il faut immuniser l’art et le tenir à l’écart de l’exploitation politique». Pour les porte-plumes du PJD, les artistes ne doivent surtout pas s’engager pour le changement dans leur pays, ne doivent pas se mêler de démocratie, de transition, d’égalité, en un mot de tout ce qui peut leur offrir une vie de dignité et de liberté. En fait, si les hommes et les femmes de culture ne pensent pas comme les islamistes qui nous gouvernent, s’ils ne regardent pas dans la même direction qu’eux, ils n’ont alors  qu’un seul droit, celui de se taire.
A l’occasion des législatives de 2011, c’est bien ce même PJD qui a présenté l’acteur Yassine Ahajjam aux élections, faisant de lui un député de son groupe parlementaire. C’est bien un comédien qui est apparu dans un spot publicitaire pour vanter les vertus de l’indexation –sujet ô combien politique- décidée par le ministre islamiste Najib Boulif.
Comme l’ignorance, la solidarité pana-islamiste n’a visiblement pas de limites…


Commentaires (1)
1. imouzel le 27/09/2013 09:40
parlons de ce halal des islamistes :
le ministre tunisien vient de révéler ceci : des tunisiennes ,musulmanes bien sur,sont recrutées par des islamistes pour le grand jihad contre le "grand kafir Assad" disent -ils ;ce grand jihad s'appelle :le jihad du sexe ,c'est à dire les tunisiennes jihadistes vont en syrie pour satisfaire en sexe les obsédés jihadidtes en guerre pour répandre l'obscurantisme :
le jihad du sexe est devenu halal par les islamistes obscurantistes syriens !
que Dieu nous protège des fanatiques !
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