Les nouvelles technologies au service de la hantise sécuritaire espagnole

Madrid gonfle à dessein le nombre de migrants tout en tentant désespérément de verrouiller l’accès à Sebta et Mellilia

15/08/2017

Encore de nouvelles technologies de pointe pour contrôler les zones séparant le Maroc de ses présides occupés. C’est ainsi que l’Espagne a décidé de répondre au dernier passage de près de 187 migrants irréguliers qui ont réussi à entrer à Sebta lundi dernier. En effet, Madrid compte équiper certains points de contrôle avec de nouveaux capteurs de mouvement, de détection et d’identification destinés à anticiper les tentatives de franchissement des barrières. Plusieurs médias ibériques ont rapporté que des réunions ont eu lieu entre le ministère de l’Intérieur espagnol et le gouvernement autonome de Sebta afin de prendre de nouvelles mesures sécuritaires basées sur une vision plus globale et plus profonde.
Les mêmes sources ont révélé que l’Espagne compte se doter de  drones pour localiser les mouvements des migrants irréguliers et mettre en place des caméras thermiques haute définition en vue de permettre une réaction rapide des services sécuritaires espagnols.
Un état de fait que ne partage pas Omar Naji, militant des droits de l’Homme, qui estime que la situation au Nord du Maroc ne nécessite pas une telle panique. « La situation est normale. Elle ne change pas outre mesure tout au long de l’année. En d’autres termes, il n’y a pas de flux migratoires extraordinaires », nous a-t-il indiqué. Et de poursuivre : « Il y a eu dernièrement une tentative d’accès à Mellilia via un bateau de fortune transportant 37 passagers et une autre au cours de laquelle cinq personnes ont tenté de forcer la clôture barbelée. En somme, uniquement 39 personnes ont réussi à entrer à Melillia en un mois» et, en règle générale, le nombre de tentatives de franchissement des barrières séparant le Maroc des présides occupés ainsi que celui des personnes qui ont réussi à passer restent faibles. « La hausse du nombre d’entrées illégales en Espagne est à observer au niveau de celle des pateras qui tentent d’accéder directement au  territoire espagnol et qui ont vu leur nombre croître durant cet été », nous a-t-il affirmé.
Notre source estime également que l’Espagne exagère la réalité des choses et tente de donner l’impression qu’il y a des milliers de migrants qui attendent l’occasion pour accéder aux deux présides occupés alors qu’il s’agit simplement de quelques centaines.  « L’Espagne a toujours gonflé les chiffres concernant le nombre de personnes ayant réussi à passer les barrières des deux présides occupés. Son objectif : réussir à avoir plus de fonds européens. En fait, c’est l’UE qui devra prendre,  en partie ou en totalité, l’acquisition et l’installation d’une partie ou de l’ensemble des équipements », nous a-t-elle lancé. En effet, les barrières grillagées  édifiées autour des deux présides en question et les dispositifs frontaliers installés entre la Grèce et la Bulgarie ont coûté la bagatelle de 76,6 millions d'euros. L'entretien des murs de Sebta et Mellilia coûte, à lui seul, 10 millions d'euros par an, selon un  document de «Migrants Files», un collectif de journalistes européens.  Ce dernier a révélé également que la protection des frontières européennes a coûté 1,6 milliard d'euros depuis 2.000 dont 955 millions ont été absorbés par Frontex, agence européenne chargée du contrôle des frontières, et 75 millions ont été déboursés au titre de l’aide octroyée aux pays frontaliers pour leur permettre de mieux imperméabiliser leurs frontières.
Pour Omar Naji, la mise en place du nouveau dispositif technologique espagnol à Sebta et Mellilia ne va pas changer grand-chose puisqu’il s’agit de moyens techniques de contrôle et d’alerte et non pas d’outils à même d’endiguer par eux-mêmes les flux migratoires. « Ceci d’autant plus que les migrants en attente à Nador ou ailleurs sont prêts à tenter n’importe quoi pour passer de l’autre côté de la barrière», nous a-t-il précisé.  
Concernant les accusations taxant le Maroc de laxisme à l’endroit des  migrants irréguliers, notre source nous a expliqué que ces accusations ne tiennent pas la route et qu’il y a une coordination quotidienne et permanente entre le Maroc et l’Espagne, que ce soit au niveau central ou local. « Il y a un renforcement des contrôles de la part des autorités marocaines et cela ne date pas d’aujourd’hui.
Le temps d’attente d’un migrant avant tout passage de l’autre côté en dit long sur ces contrôles. En fait, un migrant doit aujourd’hui attendre près de deux ans à Nador avant de réussir à entrer à Sebta ou Mellilia. Le temps d’attente est donc devenu fort long. Il n’est plus question de jours, de semaines ou de mois mais d’une année ou deux, voire plus », a-t-il conclu.

Plus de 162.000 MRE regagnent le Maroc via Bab Sebta
162.241 Marocains résidant à l'étranger (MRE) ont regagné le Maroc via le poste de Bab Sebta, depuis le début de l'opération «Marhaba 2017» et jusqu'au 10 août, a-t-on appris samedi auprès d'une source douanière.
Ils étaient 178.071 MRE à avoir transité par ce poste durant la même période une année auparavant, soit une baisse d'environ 9%, alors que le nombre de véhicules de MRE ayant regagné le Maroc via le même poste a atteint 33.184, du 5 juin au 10 août, contre 36.273 durant la même période une année auparavant, soit une baisse de 8,5%, a précisé la même source.
Au cours de la même période, les mouvements vers la sortie au niveau de ce point de passage ont concerné 95.197 MRE, contre 113.312 l'année écoulée, soit une baisse de près de 16%, alors que le nombre de véhicules a accusé un recul de près de 9%, en passant de 18.600 en 2016 à 16.941 en 2017.
La même source a assuré que la phase retour de «Marhaba 2017» se déroule dans de bonnes conditions, grâce aux efforts déployés par les différents services concernés pour réussir cette opération, dont la Fondation Mohammed V pour la Solidarité, la Gendarmerie Royale, la Direction générale de la sûreté nationale et l’Administration des douanes, et à la mobilisation des moyens humains et logistiques nécessaires.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :





Inscription à la newsletter


LIBÉRATION
Adresse: 33, Rue Amir Abdelkader.
Casablanca 05-Maroc.
Tél.: 0522 61 94 00/04. Fax: 0522 62 09 72